Cet été, nous avons voyagé dans les pays du nord de l’Europe. Nous sommes tombés sous le charme de la capitale du Danemark : Copenhague. Nommée la capitale mondiale de l’architecture de 2023 à 2026 par l’UNESCO et par l’Union International des Architectes, cette petite ville est unique. Le mode de vie à Copenhague n’est pas comme ailleurs dans le monde et mérite d’être découvert.
Comme l’explique l’architecte danois Jan Gehl, les humains forment la ville, mais après c’est la ville qui les forme. En effet, la culture des Copenhaguois est perceptible partout dans la capitale. Nous avons appris et remarqué plusieurs détails intéressants sur la vie quotidienne des gens qui l’habitent.
Le terme « hygge » est emblématique au Danemark. C’est un concept de bonheur qui représente la vision du bien-être pour les danois. Il se concrétise par des moments simples en famille et entre amis, par la chaleur d’une couverture de laine, par la lumière des chandelles, par le réconfort d’une brioche à la cannelle accompagnée d’une tisane chaude… Même en tant que touristes, nous avons vécu le concept de « hygge » dans les restaurants, les cafés et les auberges que nous avons visité. C’est intéressant de voir qu’un concept aussi simple est central dans la vie des Copenhaguois. Ça fait partie des raisons pour lesquelles le Danemark est considéré comme l’un des pays les plus heureux du monde, malgré son climat nordique rigoureux. Les habitants entretiennent ce sentiment de bien-être quotidiennement, et ce, en toute simplicité en le partageant d’une génération à l’autre.
D’ailleurs, en visitant la ville, nous avons été impressionnés par le nombre d’enfants que nous avons vu. Dans les restaurants, dans les parcs, dans les rues, il y avait des familles partout. La place des enfants est très importante dans la culture danoise. Nous avons remarqué qu’ils sont considérés dans l’aménagement des espaces urbains. En effet, la ville est colorée, sécuritaire et remplie d’installations ludiques, que les enfants (et les adultes) peuvent s’approprier pour jouer à leur guise. Selon Jan Gehl, une ville remplie d’enfants indique une bonne qualité de vie.
Copenhague est reconnue comme la ville des vélos, et c’est vrai. C’est le moyen de transport principal des Copenhaguois. Leur motivation à faire autant de vélo ne vient pas d’une forme physique exceptionnelle ou d’un désir profond de réduire leur impact environnemental. Ils font du vélo, parce que Copenhague est conçue et construite pour le cyclisme. Dans les années 1970, les préoccupations pour le trafic et la pollution, dues à l’excès de voitures, ont mené les décideurs et concepteurs de la capitale à accorder une plus grande place au vélo dans la ville. Ils ont élaboré trois lignes directrices pour créer un réseaude pistes cyclables de qualité : simple, sécuritaire et connecté.
Pour assurer la simplicité, seulement quatre typologies d epistes cyclables ont été conçues dans la capitale. De cette manière, elles sont faciles à reconnaître et simples à aménager partout. Pour renforcer la sécurité, les concepteurs ont réfléchi à des solutions pour faire ralentir les cyclistes, pour protéger les intersections et pour éviter les confusions. En effet, en réduisant la largeur des pistes cyclables, en aménageant des virages plus serrés et en utilisant des surfaces texturées au sol, les cyclistes sont encouragés à rouler plus lentement. Les intersections, qui sont des endroits vulnérables pour les cyclistes, sont munies d’une signalisation distincte pour chaque utilisateur de la rue (piétons, cyclistes et automobilistes) ce qui les rend plus sécuritaires. Les pistes cyclables à sens unique, implantées de part et d’autre des rues automobiles, permettent d’éviter les confusions et de réduire les accidents. Enfin, pour que le réseau de pistes cyclables soit fonctionnel, il est connecté. Ainsi, toute la ville est facilement accessible. Le réseau s’étend même dans les quartiers périphériques et jusqu’à la campagne.
Pour l’avoir expérimenté nous-mêmes lors de notre visite, les trois lignes directrices du réseau cyclable de Copenhague ne sont pas juste une théorie qui ne fonctionne que dans les livres. C’était vraiment facile et agréable de se déplacer sur deux roues dans la ville, dans les quartiers résidentiels et dans les parcs naturels. Nous avons croisé des enfants, des aînés, des groupes de touristes, des familles en direction de la plage, des travailleurs en complet, des étudiants, des gens chargés par leurs sacs d’épiceries et tous faisaient du vélo. Certains roulaient même en vélos-cargo; un vélo muni d’un chariot assez gros pour accueillir deux personnes. Beau temps mauvais temps, les Copenhaguois se déplacent en vélo quotidiennementet ils sont fiers des effets positifs de ce mode de transport pour leur santé et pour l’environnement.
Avec la croissance de Copenhague, l’importance de la végétation dans la ville est devenue un sujet de recherche principal pour les décideurs et les concepteurs. Leur objectif est d’ajouter des espaces verts dans la ville existante et d’en prévoir dans l’aménagement de nouvelles constructions. Cette manière de concevoir contribue à rendre la ville plus verte, à améliorer la qualité de vie des citoyens, à favoriser la biodiversité et à promouvoir l’adaptation aux changements climatiques. Nous avons nous-mêmes profité des parcs et de la végétation généreuse, peu importe où nous nous promenions. Les Copenhaguois utilisent ces espaces quotidiennement pour jouer, se reposer, se réunir et même se marier.
En plus des espaces verts, les espaces bleus sont partout. Ceux-ci font référence aux espaces publics construits près de l’eau. Comme Copenhague est entouré d’eau, les concepteurs ont saisi l’opportunité d’aménager plusieurs zones de baignade pour se réunir. De grandes promenades en bois, des bancs aux allures de chaises longues et des échelles pour descendre dans l’eau offrent aux Copenhaguois des occasions pour profiter de chaque moment de soleil possible. Autour de ces espaces bleus, une vie se crée au fil des saisons. L’été on y retrouve des marchés et plusieurs tables pour manger qui laissent place à des saunas pour se réchauffer en hiver. Nous avons observer les gens s’y rendre en début de journée pour un café ou une baignade matinale, s’y regrouper pour jouer des matchs de kayak polo et s’y réunir pour prendre un verre entre amis en fin de journée. Ces espaces bleus sont des endroits importants dans la ville qui font partie du paysage urbain typique.
Même s’ils sont très utilisés, les espaces publics de Copenhague sont d’une propreté remarquable. Grâce à des installations publiques toutes simples, les habitants et les visiteurs sont encouragés à prendre soin de la ville. Il n’y a pas de raison de jeter un déchet dans les rues de Copenhague, parce qu’il y a des poubelles de tri partout. En plus, toutes les matières sont triées séparément : plastique, verre, papier, compost et ordures. Ainsi, les espaces urbains sont plus propres et les gens sont sensibilisés à la gestion des matières résiduelles. Des toilettes publiques gratuites construites un peu partout dans la capitale contribuent également à la propreté. Elles sont aussi très utiles pour une ville avec autant d’enfants partout. Ces exemples d’installations, aussi élémentaires qu’elles puissent paraître, sont essentiels. Le fait de se promener dans une belle ville nous donnait envie d’en prendre soin nous aussi.
- Jan Gehl
C’est en découvrant Copenhague que nous avons bien compris la vision de Jan Gehl qui est convaincu que l’environnement bâti a une grande influence sur la qualité de vie. Pour lui, l’important dans une ville ce sont les gens; ils doivent avoir envie d’y vivre. C’est la vie qui se crée autour des bâtiments, plutôt que les bâtiments eux-mêmes, qui l’intéresse. En tant que professeur à l’école d’architecture de Copenhague, son intérêt s’est propagé et les recherches se sont multipliées pour développer le sujet. Curieux, les décideurs et les politiciens danois ont décidé de collaborer avec l’école d’architecture pour concrétiser leurs idées. Graduellement, les réglementations de la capitale ont évolué en faveur d’une ville qui priorise les gens qui y vivent. Les autorités et les concepteurs travaillent ensemble avec l’intention commune d’améliorer la ville, et ça fonctionne.
En se mettant à la place des gens, les concepteurs arrivent à créer une ville qui répond aux besoins de ses habitants. Des bâtiments et des espaces publics à échelle humaine, des combinaisons de brique qui colorent les quartiers, des fleurs qui embellissent les rues, des lampadaires suspendus qui dégagent les pistes cyclables, des puits de lumières qui éclairent les appartements, des stationnements à vélo qui permettent de prendre des pauses; Copenhague est une ville conçue pour ralentir et remarquer tous ces détails urbains.
Enfin, nous avons découvert une ville magnifique; une ville durable pour maintenant et pour les prochaines générations. Ses habitants, ses moyens de transport, ses espaces publics et son architecture sont quelques-unes des raisons qui rendent Copenhague aussi fascinante.
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Les sources pour plus d’informations:
• https://dac.dk/en/knowledgebase/articles/world-capital-of-architecture/
• https://dac.dk/en/knowledgebase/articles/in-the-palm-of-architectures-hand/
• https://www.visitcopenhagen.com/copenhagen/activities/green-sustainability-guide
• https://www.archdaily.com/880923/jan-gehl-puts-forward-methods-toward-building-a-good-city
• https://www.visitcopenhagen.com/copenhagen/diverse/define-danish-hygge
• https://eu.boell.org/en/cycling-copenhagen-the-making-of-a-bike-friendly-city
• https://isocarp.org/app/uploads/2023/06/ISOCARP_2022_Ribeiro_ISO264.pdf